FAMILLES ROBIN et VOISINET



Christian Voisinet en nov. 2012
Photos non libres de droits.
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Constant Robin
 en 1905

Hippolyte Vassout Joséphine Bonouvrier

les 102,104,106 rue de Rosny à Montreuil, vus  depuis la rue Dombasle Famille Vassout
de Romainville
Famille Vassout Léopold Vassout Eugène Vassout

Christian Voisinet, montreuillois pure souche, descendant de la famille de Constant Robin par sa mère et de la famille Voisinet par son père, nous a récemment offert l'occasion de partager quelques souvenirs et de mieux connaitre cette famille qui a, avec plusieurs autres, marqué l'histoire montreuilloise du 19e et début du 20e siècle.

Dans l'arbre généalogique figurent des noms connus tels que Bonouvrier, Beausse ou Vassout.
Il faut remonter jusqu'à Jean-Alexis Vassout,au début du 19e siècle, pour trouver une origine commune entre la branche des Vassout de Gambais (celle de Jean et de Roger Vassout dont vous trouverez aussi le témoignage sur ce site), et celle de Christian Voisinet.
Constant Robin en 1912 dans le jardin de Gobétue
A droite, il porte le panier contenant les outils pour le palissage à la loque
Antoinette Robin porte la "marmotte" - 1910 Commentaire au dos de la photo
Stand d'exposition des fruits de Constant Robin à la mairie de Montreuil en 1925 A droite, Denise Robin et Jean Préaux, son cavalier attitré, en 1934 Constant Robin en 1938 Denise Robin et
Robert Voisinet
Denise et Robert dans le jardin des Néfliers en 1939
Mariage de Denise Robin et Robert Voisinet en 1936 Mariage de Georges Robin et Lucienne Poulain.
A gauche des mariés, Constant et Alice Robin
Alice Vassout-Robin dans le jardin des Néfliers en 1943
Au carreau des halles. Au centre, Alice Vassout.
A droite, Lucie Dufour (famille habitant rue Pépin).
Georges Robin (fils de Constant), sa femme Lucienne
et leur bébé Solange en 1946
Alice Vassout-Robin dans le jardin de Gobétue en 1949
Alice et Constant Robin et leur fille Denise
dans la véranda du 104 rue de Rosny
Christian Voisinet avec sa grand-mère Alice et son grand-père Constant. A droite, Christian porte l'écharpe de "chevalier de la compagnie d'arc de Montreuil". 1954



Du côté des ROBIN
Christian et son frère Gilbert tirant de l'eau du puits dans le jardin de Gobétue en 1957

Constant Robin (1881-1967) fait son service militaire dans le 3e régiment de cuirassiers, de 1902 à 1905 et obtient son certificat de bonne conduite. Il retrouvera son régiment lors de la guerre de 1914-18. Comme ses ascendants, il exerce le métier d'horticulteur/arboriculteur à Montreuil et se marie avec Alice Vassout le 20 novembre 1909. Ils habitent au 104 rue de Rosny et possèdent plusieurs terrains dans Montreuil : rue des Néfliers, rue Faidherbe, à l'angle de la rue Pierre de Montreuil et de la rue Saint-Just, rue Saint-Antoine. Dans chaque jardin il y a une cabane, pour se réchauffer quand il fait froid. Ils cultivent les fruits, la vigne et les fleurs (tulipes, œillets, lilas, dahlias) et vendent leurs récoltes aux halles de Paris. Il fallait passer l'octroi à Nation et acquitter un péage pour rentrer dans Paris avec la marchandise (pratique qui aura lieu jusqu'à la 2e guerre mondiale).

"A l'époque des vendanges, il fallait deux jours pleins pour récolter le raisin, tout le quartier s'y mettait. Nous, les enfants, on nous mettait dans le fût pour fouler les grappes, et le soir, en récompense, on soutirait le premier jus. Parmi les cépages, il y avait notamment du Baco noir, mais mon grand-père ne disait rien des mélanges qu'il faisait". 

Christian se souvient du 104 où il a souvent rendu visite à ses grands-parents : " il y avait un cheval et l'écurie existe toujours, le puits aussi. Mon grand-père était un précurseur : il avait construit une grande véranda à une époque où on en voyait peu. On se tenait souvent dans cette véranda parce qu'il y faisait chaud et mon grand-père y faisait des semis. Il avait la passion des greffes, il avait même greffé des cactus ! ... il était assez érudit."

Les diplômes, dont on n'était pas avare à l'époque, attestent aussi du rayonnement social et associatif de Constant Robin dans la ville de Montreuil.

La croix du mérite social lui avait été remise pour sa fonction d'administrateur de la Caisse d'épargne.

Il avait été vice-président de la société régionale d'horticulture de Montreuil (de 1944 à 1947) puis de celle de Vincennes.  " les réunions de la SRHM avaient lieu au 1er étage de l'actuel palais de justice, à coté de l'église St Pierre St Paul. On aimait bien y aller parce qu'il y avait des tombolas, çà attirait du monde !"

Il était passionné de tir à l'arc et avait obtenu quelques honneurs en tant que "chevalier de la compagnie d'arc de Montreuil".

Il était garde-messier en tant que lieutenant puis capitaine. "mon grand-père avait un nerf de bœuf, c'était redoutable". Christian possède encore la carte de "garde volontaire" (ancienne appellation du garde-messier) de son arrière-grand-père, Hippolyte Vassout. Le garde-messier était nommé par le maire, le garde volontaire était nommé par le commissaire de police et n'était pas autorisé à utiliser la force, il devait "requérir la force publique en cas de besoin".

Et, bien sûr, Constant Robin fait partie de ceux qui ont remporté de nombreux prix lors d'expositions, pour la qualité et la présentation de ses fruits, marqués ou non. 

Les enfants de Constant, Georges (1913-1999) et Denise (1915-2010), travaillent aussi sur l'exploitation, ce qui ne doit pas être facile tous les jours, car malgré son visage ouvert et souriant, c'était un homme très autoritaire. "Lui seul avait droit à la parole et il était très dur avec ses enfants. Georges n'avait droit à rien, pas de sortie, pas d'argent. Ma mère, Denise, avait moins de contraintes. Mon grand père a voyagé dans les années 1920, à la rencontre des différentes cultures fruitières, en Espagne, en Italie, au Maroc, en Corse. Sa femme et sa fille l'accompagnaient mais il n'a jamais emmené son fils".
C'est notamment le rôle de Denise que de brosser les pêches. Elle devait s'emmitoufler pour se protéger du nuage de poils environnants. Elle se protégeait aussi du soleil car à cette époque, pour trouver un mari, les femmes ne devaient pas être bronzées. Dans le passé, les femmes montreuilloises portaient d'ailleurs la coiffe, appelée "marmotte". Une photo d'Antoinette Robin (née Devez) la montre portant cette coiffe en 1910 ... l'une des dernières à la porter, précise la légende.

Denise préparait les fruits pour la vente, elle les rangeait sur des feuilles de vigne, en séparant les rangées avec du rafia entouré de papier de soie. le rafia servait aussi à maintenir les greffes.

Les mariages étaient une belle occasion de se divertir. On y rencontrait Denise avec son cavalier attitré, Jean Préaux. Mais c'est avec Robert Voisinet qu'elle se marie en décembre 1936. Trois ans plus tard, la guerre de 1939-45 éclate. Robert, prisonnier dès août 1939, est détenu au sud de Hanovre en Allemagne. Il ne reverra Denise que cinq ans plus tard. 

Georges, le fils de Constant et parrain de Christian, reprend l'exploitation de son père. Il s'installe rue Hussenet à Rosny sous bois, avec sa femme Lucienne (née Poulain). En 1946, nait la petite Solange. En âge de travailler, elle se chargera de la vente des fruits de son père sur les marchés. Elle même se marie avec Christian Audebert, jardinier diplômé de l'école d'horticulture de Montreuil.

"Il aurait fallu moderniser, dit Christian, ils ne l'ont pas fait".

L'aventure horticole des Robin à Montreuil s'arrête avec Georges : en 1975, il est exproprié des terrains de St Antoine, pour laisser le passage à l'autoroute. Il quitte alors Montreuil et Rosny pour la région de Vézelay, dans l'Yonne et Solange le suit.

"Ils produisaient de la canada grise, la grand Alexandre, calville et de la comice, qu'ils vendaient localement car c'est un fruit fragile, pas transportable. Ensuite, il s'est équipé de chambres froides".



diplôme d'honneur décerné en 1952 à Constant Robin, lieutenant et capitaine des garde-messiers Prix d'honneur de Constant Robin
décerné par la SRHM en 1933
Croix d'officier du mérite social décernée en 1955 à Constant Robin pour le poste d'administrateur de la Caisse d'épargne de Montreuil.



Convocation à une réunion de la SRHM en 1902


Carte de garde volontaire d'Hippolyte Vassout 
Carte de garde-messier de Constant Robin de 1946
Du côté des VOISINET Juliette Voisinet, mère de Robert, Robert Voisinet, Denise Robin-Voisinet,
leur petite-fille Cindy

Lorsque Denise et Robert Voisinet se marient, Constant leur donne un terrain avenue Faidherbe, sur lequel ils construisent une maison et l'atelier de Robert. En effet, Robert n'est pas horticulteur ; il exerce un métier particulièrement attrayant pour les enfants : il est graveur et réalise des moules à bonbons pour les confiseurs !

"Quand on voyait un bonbon, on connaissait déjà son goût ... un bonbon à l'orange était en forme de tranche d'orange ... ensuite, sont venus les bonbons industriels qui n'ont pas de forme !"

Le grand-père paternel de Christian, Léon Voisinet, était également graveur et a d'abord travaillé pour la société RATI à Vincennes. Puis il quitte cette société pour se mettre à son compte. la société RATI devient alors un de ses clients. Il installe son atelier chez lui, rue du plateau à Montreuil. Après la guerre, son fils Robert prend le relais.

Denise, qui travaillait dans les formules chimiques aux laboratoires SAUBA, rue de Rosny, s'arrête alors pour assurer la comptabilité et le secrétariat de l'entreprise Voisinet.

Robert taille les moules dans le bronze et teste le résultat avec de la cire. La taille des moules doit correspondre précisément à la commande des confiseurs ("la pie qui chante, "Pierrot gourmand) qui l'expriment en nombre de bonbons par kilo. C'est une activité florissante, onze ouvriers travaillent dans l'atelier. Mais elle décline avec l'apparition des bonbons industriels et l'arrivée de Kréma sur Montreuil. Robert cesse son activité en 1971. L'un des ouvriers prend la suite et s'associe avec un autre graveur spécialisé dans les moules pour biscuits pour "petit beurre" LU. Mais l'activité cesse définitivement en 1992. 

 
cylindres servant à faire les bonbons Robert Voisinet dans son atelier
moulages en cire des différentes formes de bonbons L'atelier de gravure de l'avenue Faidherbe
 

Les enfants, Christian et Gilbert, ne seront donc pas graveurs ... mais s'ils n'exercent pas non plus le métier d'horticulteur, Constant et Denise ont su leur donner le virus et leur transmettre l'art de la greffe et de la taille.

Après une carrière dans l'industrie, notamment comme ergonome(adéquation de la machine à l'homme), Christian règne maintenant sur ses 500 m2 de jardin et choie particulièrement les derniers fruitiers arrivés, un calville et un pomme d'api, récupérés sur les terres de son parrain et récemment replantés dans son jardin.

Avant sa disparition en 2010, Denise Robin-Voisinet avait fait un don à la SRHM, permettant ainsi d'équiper le musée de nouvelles vitrines. Que la famille en soit ici sincèrement remerciée.

 Propos recueillis par Sylvie Chiquer en novembre 2012