Georges Préaux, né en 1939, est le descendant
d'une grande famille d'horticulteurs, membres actifs de la Société
d'horticulture de Montreuil. Il vit avec sa femme Marie-Louise à Sartrouville
dans le Val d'Oise. Parmi ses ancêtres, on trouve son père, Jean Préaux, son
grand-père, Léon Préaux, tous deux trésoriers de la Société d'horticulture, sa
grand-mère, Jeanne-Victoire Thioux (fille d'Emile Thioux et de Clémentine
Bonouvrier) ainsi que la famille Savart par alliance. Des noms ancrés dans
l'histoire de Montreuil, qui sont attribués à des rues de notre ville, traduisant
ainsi leur l'importance.
La
famille Préaux, d'origine bourguignonne et
horticole, avait, dès le 19è siècle, changé
d'activité pour évoluer dans le
milieu bancaire. Léon Préaux (1889-1949) travaillait
à la banque Charpin, rue
Rouget de l'Isle à Montreuil. De part ses origines horticoles,
il entre en
1925 dans le "bureau" de la société d'Horticulture de
Montreuil en qualité de secrétaire adjoint sous
la présidence de Léon Loiseau. C'est en 1930, alors que
Louis Aubin devient
Président, que Léon Préaux accède au poste
de trésorier adjoint. En 1932, il
devient trésorier. Il exerce cette fonction pendant 17 ans,
jusqu'à son décès
en 1949. Jean Préaux, son fils, ingénieur dans
l'automobile, lui succède au
poste de trésorier dès 1950.
Les
séances mensuelles
Le poste de trésorier à la société d'horticulture
était de tradition familiale chez les Préaux. On peut donc imaginer pourquoi
Georges Préaux accompagnait son père aux séances mensuelles du dimanche
organisées par le bureau pour ses adhérents. Georges Préaux nous fait partager
ses souvenirs d'enfance : "les séances
avaient lieu au 14, rue Franklin, en dessous de l'actuel Palais de justice,
c'était le siège de l'association". Ces réunions rassemblaient environ
150 adhérents en 1950 : "Le public
était plutôt composé d'hommes, les gens s'habillaient pour l'occasion Quelques
femmes assistaient aux réunions mais il n'y avait pas de femmes au bureau"
explique Georges. L'ambiance était plutôt sérieuse et la moyenne d'âge assez
élevée. Georges se rappelle de la tribune où siégeait le bureau avec le
président, Louis Aubin, et son père : "J'étais
assis à une table sur le côté et je triais les jetons du loto par ordre
numérique avant la tombola".
Causeries,
projections et excursions
La réunion durait tout l'après-midi ; des
conférenciers se succédaient à la tribune traitant de sujets techniques à la
pointe de la connaissance agricole de l'époque. Dans les archives on retrouve
les thèmes de ces causeries mensuelles.
En 1950 : la mouche des fruits dans la région
parisienne, congrès des architectes paysagistes de Londres avec projections,
les floraisons printanières, la lutte contre les ennemis des cultures, l'emploi
des explosifs en agriculture, production et conservation des légumes, la terre
dans l'espace infini, 1000 m sous terre.
En 1951 : vignes nouvelles, concours agricole,
façades fleuries, jardinage et météo, roses nouvelles, solanées potagères.
En 1952 : le congrès pomologique de Metz, le
concours général agricole, les pivoines dans les jardins, plantons des arbres
et mangeons des fruits, l'outillage pour la taille des arbres.
Dès 1928, des projections cinématographiques
sont organisées lors des séances mensuelles, avec l'aide du comptoir AZF. Ce
sont alors des films techniques et publicitaires vantant les bienfaits des
engrais. C'est en 1940, grâce à une subvention de la ville, que la Société
d'horticulture investit dans un projecteur et un écran et devient autonome pour
ses projections. Elle emprunte alors les bobines au ministère de l'agriculture
et diversifie les sujets projetés. Les reportages suivants sont visionnés : en
1951 : "le Danemark", "les hommes du champagne",
"fleurs et parfums", "l'école du Breuil"; ...en 1952 :
"La vallée de la Loire", "les jardins de France", "les
vignobles et les vins de France", "Madagascar", "les
pommiers de Normandie et l'araignée rouge".
Pendant ces séances se préparaient également
les excursions. Ils étaient par exemple 250 excursionnistes à partir le 1er
juillet 1951 à Epernay pour visiter les vignobles, les chais et les caves de
Moët et Chandon. Le 6 juillet 1952, les excursionnistes partent à Louviers et
Rouen pour une visite du jardin des plantes et des rencontres avec des
cultivateurs. Le 12 juillet 1953, ils sont 120 excursionnistes à partir visiter
les Hortillonnages d'Amiens et à visiter la cathédrale de Beauvais.
Pendant des dizaines d'années, les adhérents
de la société d'horticulture de Montreuil peuvent bénéficier de la
vulgarisation du progrès agricole à travers les projections cinématographiques,
les causeries, les excursions. Ces efforts traduisent le dynamisme du bureau et
des adhérents, cette volonté constante de s'enrichir et de s'ouvrir à d'autres
savoir-faire afin de progresser et d'évoluer.
L'horticulture et l'arboriculture de
Montreuil ont très longtemps été à la pointe en France. Même au-delà des
frontières, certains ont beaucoup appris de la société d'horticulture.
Chaque séance mensuelle se terminait par la
traditionnelle tombola. "Les lots
étaient nombreux et de qualité : arbres fruitiers formés en palmette, rosiers,
graines, plans de fleurs et de légumes, corbeilles de fruits, cactées,...il y
en avait presque pour tout le monde", se rappelle Georges. Selon la
saison les lots étaient différents mais toujours fournis par des pépiniéristes,
fleuristes ou grainetiers.
La
course aux adhésions
Georges Préaux, alors qu'il était enfant,
devait distribuer les cartes d'adhérents et recueillir les adhésions. "Le jeudi, à pied ou en vélo, j'allais
distribuer les cartes d'adhérents et faire du démarchage à domicile auprès des
retardataires...je récupérais l'argent de l'adhésion que les sociétaires
donnaient avec bonne volonté", explique Georges. Enfin il accompagnait son père lors des expositions de fruits
organisées sur la place de l'hôtel de ville à Montreuil où on admirait les plus
belles pyramides de fruits. "Mon
père connaissait tout le monde, il se promenait avec louis Aubin, personnage
caractéristique dont je me rappelle les grandes moustaches blanches",
se souvient Georges.
Une vie
associative bien remplie
Jean Préaux, en raison de son engagement
auprès des horticulteurs, a été décoré du mérite agricole. Il a poursuivi son
activité de trésorier de la société d'horticulture jusqu'en 1966 et est devenu
vice-Président de 1967 à 1971. Jusqu’en 1980 il habitait la maison familiale au
90, rue du Président Wilson, maison de style avec ses 600 m2 de jardin où, jusqu'à
un âge avancé, il ensachait et marquait les pommes à la Montreuil. En 1980, il
est parti finir sa vie en Auvergne.
Jean Préaux a conservé et transmis à son fils
Georges un remarquable patrimoine familial.
Nous avons retrouvé Georges Préaux sur le stand de la SRHM lors du
salon Saveurs organisé par le "potager
du roi" de Versailles. Quand nous nous sommes rencontrés ensuite à son
domicile, il a légué à la SRHM plusieurs sécateurs ayant appartenu à
son
grand-père maternel Emile Thioux. Il nous a prêté pour duplication des
photos
anciennes montrant les membres de la société d'horticulture lors
d'événements
familiaux. Il nous a prêté le livre "Notes
pour servir à l'histoire de Montreuil-sous-bois, par A. Ravey" qui
était inconnu de notre bibliothèque. Il a retrouvé pour nous
l’arbre généalogique réalisé par son grand père qui permet de comprendre les
liens entre les Préaux, Thioux, Savard.
Merci
aux anciens d’avoir su conserver et
transmettre ce patrimoine, merci à Georges Préaux et à sa femme de nous
avoir
ouvert amicalement leur porte et de nous avoir fait l’honneur d’adhérer
à la SRHM, renouant ainsi avec une vieille tradition familiale.
On
connaît la rue Désiré Préaux à Montreuil, mais qui est-il ?
D’après A. Ravey, Désiré Préaux, fils
d’Augustin Préaux est né à Montreuil en 1817. Employé de banque, riche et sans
famille, il a fait plusieurs donations à la commune, dont la principale est une
rente de 3000 francs destinée au couronnement de deux nouvelles rosières
(jeunes filles vertueuses) de Montreuil. Par ailleurs, il a affecté une somme
de 200 francs pour récompenser chaque année les deux meilleurs élèves des
écoles primaires de Montreuil.
Il faut remonter à son père, Augustin
Préaux, pour retrouver une activité horticole. Né en 1745 à Montreuil, Augustin
préaux a importé la cerise anglaise sur notre commune en 1792. Cette cerise a
fait sa fortune et lui a valu une médaille de la société d’agriculture. Il
demeurait au 49 rue Marchande (actuelle rue Alexis Person).
Informations
tirées du livre "Notes pour servir à l'histoire de Montreuil-sous-bois" par A. Ravey
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