Les Préaux,
deux générations de trésoriers


Georges Préaux



La maison familliale au 43, rue de Romainville.
A gauche de la porte, Léon-Henri Préaux, l’arrière grand-père de Georges

excursion à Verrières et Robinson le 7 juillet 1912. Au centre, le président de la Socité d’Horticulture de cette époque M. Léon Loiseau

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Georges Préaux, né en 1939, est le descendant d'une grande famille d'horticulteurs, membres actifs de la Société d'horticulture de Montreuil. Il vit avec sa femme Marie-Louise à Sartrouville dans le Val d'Oise. Parmi ses ancêtres, on trouve son père, Jean Préaux, son grand-père, Léon Préaux, tous deux trésoriers de la Société d'horticulture, sa grand-mère, Jeanne-Victoire Thioux (fille d'Emile Thioux et de Clémentine Bonouvrier) ainsi que la famille Savart par alliance. Des noms ancrés dans l'histoire de Montreuil, qui sont attribués à des rues de notre ville, traduisant ainsi leur l'importance.

La famille Préaux, d'origine bourguignonne et horticole, avait, dès le 19è siècle, changé d'activité pour évoluer dans le milieu bancaire. Léon Préaux (1889-1949) travaillait à la banque Charpin, rue Rouget de l'Isle à Montreuil. De part ses origines horticoles, il entre en 1925 dans le "bureau" de la société d'Horticulture de Montreuil en qualité de secrétaire adjoint sous la présidence de Léon Loiseau. C'est en 1930, alors que Louis Aubin devient Président, que Léon Préaux accède au poste de trésorier adjoint. En 1932, il devient trésorier. Il exerce cette fonction pendant 17 ans, jusqu'à son décès en 1949. Jean Préaux, son fils, ingénieur dans l'automobile, lui succède au poste de trésorier dès 1950.

Les séances mensuelles

Le poste de trésorier à la société d'horticulture était de tradition familiale chez les Préaux. On peut donc imaginer pourquoi Georges Préaux accompagnait son père aux séances mensuelles du dimanche organisées par le bureau pour ses adhérents. Georges Préaux nous fait partager ses souvenirs d'enfance : "les séances avaient lieu au 14, rue Franklin, en dessous de l'actuel Palais de justice, c'était le siège de l'association". Ces réunions rassemblaient environ 150 adhérents en 1950 : "Le public était plutôt composé d'hommes, les gens s'habillaient pour l'occasion Quelques femmes assistaient aux réunions mais il n'y avait pas de femmes au bureau" explique Georges. L'ambiance était plutôt sérieuse et la moyenne d'âge assez élevée. Georges se rappelle de la tribune où siégeait le bureau avec le président, Louis Aubin, et son père : "J'étais assis à une table sur le côté et je triais les jetons du loto par ordre numérique avant la tombola".

Causeries, projections et excursions

La réunion durait tout l'après-midi ; des conférenciers se succédaient à la tribune traitant de sujets techniques à la pointe de la connaissance agricole de l'époque. Dans les archives on retrouve les thèmes de ces causeries mensuelles.

En 1950 : la mouche des fruits dans la région parisienne, congrès des architectes paysagistes de Londres avec projections, les floraisons printanières, la lutte contre les ennemis des cultures, l'emploi des explosifs en agriculture, production et conservation des légumes, la terre dans l'espace infini, 1000 m sous terre.

En 1951 : vignes nouvelles, concours agricole, façades fleuries, jardinage et météo, roses nouvelles, solanées potagères.

En 1952 : le congrès pomologique de Metz, le concours général agricole, les pivoines dans les jardins, plantons des arbres et mangeons des fruits, l'outillage pour la taille des arbres.

Dès 1928, des projections cinématographiques sont organisées lors des séances mensuelles, avec l'aide du comptoir AZF. Ce sont alors des films techniques et publicitaires vantant les bienfaits des engrais. C'est en 1940, grâce à une subvention de la ville, que la Société d'horticulture investit dans un projecteur et un écran et devient autonome pour ses projections. Elle emprunte alors les bobines au ministère de l'agriculture et diversifie les sujets projetés. Les reportages suivants sont visionnés : en 1951 : "le Danemark", "les hommes du champagne", "fleurs et parfums", "l'école du Breuil"; ...en 1952 : "La vallée de la Loire", "les jardins de France", "les vignobles et les vins de France", "Madagascar", "les pommiers de Normandie et l'araignée rouge".

Pendant ces séances se préparaient également les excursions. Ils étaient par exemple 250 excursionnistes à partir le 1er juillet 1951 à Epernay pour visiter les vignobles, les chais et les caves de Moët et Chandon. Le 6 juillet 1952, les excursionnistes partent à Louviers et Rouen pour une visite du jardin des plantes et des rencontres avec des cultivateurs. Le 12 juillet 1953, ils sont 120 excursionnistes à partir visiter les Hortillonnages d'Amiens et à visiter la cathédrale de Beauvais.

Pendant des dizaines d'années, les adhérents de la société d'horticulture de Montreuil peuvent bénéficier de la vulgarisation du progrès agricole à travers les projections cinématographiques, les causeries, les excursions. Ces efforts traduisent le dynamisme du bureau et des adhérents, cette volonté constante de s'enrichir et de s'ouvrir à d'autres savoir-faire afin de progresser et d'évoluer.

L'horticulture et l'arboriculture de Montreuil ont très longtemps été à la pointe en France. Même au-delà des frontières, certains ont beaucoup appris de la société d'horticulture.

Chaque séance mensuelle se terminait par la traditionnelle tombola. "Les lots étaient nombreux et de qualité : arbres fruitiers formés en palmette, rosiers, graines, plans de fleurs et de légumes, corbeilles de fruits, cactées,...il y en avait presque pour tout le monde", se rappelle Georges. Selon la saison les lots étaient différents mais toujours fournis par des pépiniéristes, fleuristes ou grainetiers.

La course aux adhésions

Georges Préaux, alors qu'il était enfant, devait distribuer les cartes d'adhérents et recueillir les adhésions. "Le jeudi, à pied ou en vélo, j'allais distribuer les cartes d'adhérents et faire du démarchage à domicile auprès des retardataires...je récupérais l'argent de l'adhésion que les sociétaires donnaient avec bonne volonté", explique Georges. Enfin il accompagnait son père lors des expositions de fruits organisées sur la place de l'hôtel de ville à Montreuil où on admirait les plus belles pyramides de fruits. "Mon père connaissait tout le monde, il se promenait avec louis Aubin, personnage caractéristique dont je me rappelle les grandes moustaches blanches", se souvient Georges.

Une vie associative bien remplie

Jean Préaux, en raison de son engagement auprès des horticulteurs, a été décoré du mérite agricole. Il a poursuivi son activité de trésorier de la société d'horticulture jusqu'en 1966 et est devenu vice-Président de 1967 à 1971. Jusqu’en 1980 il habitait la maison familiale au 90, rue du Président Wilson, maison de style avec ses 600 m2 de jardin où, jusqu'à un âge avancé, il ensachait et marquait les pommes à la Montreuil. En 1980, il est parti finir sa vie en Auvergne.

Jean Préaux a conservé et transmis à son fils Georges un remarquable patrimoine familial.
Nous avons retrouvé Georges Préaux sur le stand de la SRHM lors du salon Saveurs organisé par le "potager du roi" de Versailles. Quand nous nous sommes rencontrés ensuite à son domicile, il a légué à la SRHM plusieurs sécateurs ayant appartenu à son grand-père maternel Emile Thioux. Il nous a prêté pour duplication des photos anciennes montrant les membres de la société d'horticulture lors d'événements familiaux. Il nous a prêté le livre "Notes pour servir à l'histoire de Montreuil-sous-bois, par A. Ravey" qui était inconnu de notre bibliothèque. Il a retrouvé pour nous l’arbre généalogique réalisé par son grand père qui permet de comprendre les liens entre les Préaux, Thioux, Savard.

Merci aux anciens d’avoir su conserver et transmettre ce patrimoine, merci à Georges Préaux et à sa femme de nous avoir ouvert amicalement leur porte et de nous avoir fait l’honneur d’adhérer à la SRHM, renouant ainsi avec une vieille tradition familiale.

 

On connaît la rue Désiré Préaux à Montreuil, mais qui est-il ?

D’après A. Ravey, Désiré Préaux, fils d’Augustin Préaux est né à Montreuil en 1817. Employé de banque, riche et sans famille, il a fait plusieurs donations à la commune, dont la principale est une rente de 3000 francs destinée au couronnement de deux nouvelles rosières (jeunes filles vertueuses) de Montreuil. Par ailleurs, il a affecté une somme de 200 francs pour récompenser chaque année les deux meilleurs élèves des écoles primaires de Montreuil.

Il faut remonter à son père, Augustin Préaux, pour retrouver une activité horticole. Né en 1745 à Montreuil, Augustin préaux a importé la cerise anglaise sur notre commune en 1792. Cette cerise a fait sa fortune et lui a valu une médaille de la société d’agriculture. Il demeurait au 49 rue Marchande (actuelle rue Alexis Person).

Informations tirées du livre "Notes pour servir à l'histoire de Montreuil-sous-bois" par A. Ravey