A la fin de l'année
2013, l'association des croqueurs de pommes a décidé de rééditer le livre de
Léon Loiseau : "de l'ensachage des fruits", comportant les chapitres
suivants :
Son utilité, ses avantages
Son emploi contre les insectes et les maladies
Sa valeur dans l'obtention des beaux fruits
Des différentes manières de l'appliquer
Façon de procéder
Les attributs et les photographies sur fruits
Comment on pratique
L'édition originale
était sortie en 1903, à la librairie et imprimerie horticole, 84 bis rue de
Grenelle à Paris (1)
C'est pour nous
l'occasion de découvrir un peu mieux ce personnage célèbre de Montreuil
puisqu'une rue y porte son nom (quartier Villiers-Barbusse).
Mais si l'on connait son
parcours public, on sait finalement peu de chose de la vie privée de cet homme
brillant. La majorité des informations sur Léon Loiseau se trouvent rassemblées
dans le discours que Louis Aubin, alors président de la société d'horticulture
de Montreuil, prononça à l'occasion du décès de cet homme d'exception en 1936 :
J'ai le pénible devoir, au nom de la société régionale
d'horticulture de Montreuil, d'adresser quelques paroles d'adieu à notre vénéré
président honoraire.
Né à Montreuil en 1857 d'une vieille famille d'arboriculteurs,
Monsieur Léon Loiseau fut dès son jeune âge initié aux travaux de la culture.
Après une jeunesse studieuse, ayant acquis une très bonne éducation générale,
il fonda une famille et prit la suite des cultures de ses parents. Epris de
progrès, il s'efforça aussitôt de perfectionner les vieilles méthodes de
culture et ce fut là l'idéal de toute son existence.
C'est en 1892 que Monsieur Loiseau entra à la société
d'horticulture fondée depuis quelques années seulement. En 1893, ses collègues
l'appellent à la présidence et, sous sa jeune et vigoureuse impulsion, la
société se trouve en progrès constant, organisant successivement concours et
expositions, et prenant part à toutes les grandes manifestations horticoles
organisées en France et à l'étranger, tour à tour :
En Belgique : à Anvers, à Bruxelles, à Gand, à Liège.
En Allemagne : à Berlin, à Dusseldorf, à Hambourg, à Manheim.
En Italie : à Milan et à Turin.
En Angleterre : à Londres.
En Russie : à Saint-Pétersbourg.
Partout il fait admirer les fruits de Montreuil. Remportant
toujours les plus hautes récompenses dans ces tournois pacifiques, il contribua
ainsi à maintenir la réputation mondiale de la production française.
En 1887 il collabore à la fondation du syndicat des cultivateurs
du département de la Seine et assume pendant près de vingt années les fonctions
de secrétaire général de ce syndicat qui rend encore actuellement les plus
grands services à tous les producteurs de la région.
Il contribua également à la fondation et au fonctionnement du
syndicat de défense contre la grêle, de la caisse locale du Crédit agricole, du
syndicat d'exportation des fruits qui fonctionna depuis 1906 jusqu'au début de
la guerre.
Administrateur de la Caisse d'épargne depuis plus de quarante
ans, membre de la caisse des écoles, délégué cantonal, il aide à la création de
la Mutualité scolaire et de la maternelle montreuilloise, montrant par toutes
ces fonctions combien il s'intéresse à l'enfance, à l'instruction et à
l'éducation des jeunes générations.
D'autres voix plus autorisées que la mienne pourraient dire
quelle fut, pendant une vingtaine d'années, son action dans l'administration de
notre ville.
A peine âgé de trente ans, son activité et sa vive
intelligence le font remarquer de ses concitoyens qui l'envoient siéger au
conseil municipal. Il y devint très vite adjoint de monsieur Arsène Chéreau, le
maire de l'époque, auprès duquel il est à bonne école pour assimiler rapidement
tout le fonctionnement de l'administration municipale. Aussi, comme maire de
Montreuil (2), il se révèle administrateur de grande classe et donne toute sa
mesure en faisant voter par son conseil municipal la construction de trois
groupes scolaires et la création de trois grandes artères qui ont permis le
développement actuel de notre grande et laborieuse cité.
L'activité de Monsieur Loiseau ne se borne point aux limites
de Montreuil. Dès 1886, il fait partie de la société nationale d'horticulture
de France, devient membre de la commission des exportations, président puis
vice-président du comité d'arboriculture.
Il fut aussi nommé conseiller du Commerce extérieur de la
France et membre correspondant de l'Académie d'agriculture.
Membre de la société pomologique de France depuis 1891,
plusieurs fois lauréat de cette grande société, il participa à tous ses
congrès, lui apportant le fruit de son expérience et de sa longue observation.
C'est à la suite du congrès pomologique qui se tint à Pau en
1902 qu'il publia son traité sur l'ensachage des fruits et celui sur la conservation
par le froid. Ces ouvrages firent faire un notable progrès dans la production
des fruits de choix en France.
C'est en quittant l'administration municipale qu'il consacra
toute son activité aux associations agricoles locales et nationales. La compagnie
du P.L.M. (3) le prit alors comme conseiller technique de ses services
agricoles pour porter la bonne parole dans les multiples régions de son immense
réseau. Il contribua ainsi, dans une large mesure, au développement et à
l'amélioration de la production fruitière française.
En 1920, il collabora à la création du Jardin-école et fonda
la fédération des sociétés d'horticulture et des syndicats horticoles de la
région Est de Paris, chargée d'organiser et d'administrer ledit jardin. Il fut
président de cette fédération jusqu'au jour où il sentit ses forces
l'abandonner.
Voyageur infatigable, sachant voir, retenir et observer, il
nous fit souvent des conférences sur ses grands voyages. Orateur de talent,
causeur aimable et distingué, c'était une joie pour lui et pour nous aussi
lorsqu'il pouvait nous signaler des variétés nouvelle ou nous faire connaître
des méthodes de travail qu'il avait vu pratiquer en France, aux colonies ou à
l'étranger.
Cette grande activité et son dévouement aux œuvres sociales furent
récompensés par les plus hautes distinctions honorifiques que lui accorda, à
juste titre, le gouvernement de la République. Commandeur du Mérite agricole,
officier de la Légion d'honneur, il reçut également quelques décorations
étrangères.
Pendant trente-huit années consécutives il fut l'animateur de
notre société d'horticulture. C'est en 1930 que, sentant faiblir son activité,
il insista vivement pour trouver parmi nous un remplaçant. Il fut aussitôt
nommé président honoraire, suivit alors nos travaux avec bienveillance, heureux
de voir notre Société en progression constante. Il nous prodigua ses sages
conseils jusqu'au jour où son état de santé ne lui permit plus de la faire.
Nous perdons en Monsieur Loiseau une grande personnalité de
l'horticulture française, un ami sûr et de bon conseil, toujours prêt à se
dévouer dans le domaine de son activité professionnelle, politique, sociale ou
économique. Excellent organisateur, il savait encourager et stimuler les
efforts de ses collègues avec toujours un constant souci de justice et
d'équité.
Le 12 mars 1936
Louis Aubin, président de la Société régionale d'horticulture
de Montreuil
NDLR
(1) Léon loiseau publie
d’autres ouvrages notamment pour la compagnie P.L.M., dont un Le livre sur la
culture des asperges et un manuel de culture potagère.
(2) Maire de Montreuil
de 1904 à 1908, années marquantes au cours desquelles la SFIO et la CGT voient
le jour, et où la loi sur la séparation des églises et de l'état est
votée. Léon Loiseau est membre de la SFIO.
(3) PLM : Compagnie des
chemins de fer de Paris à Lyon et à la Méditerranée. Précurseur de la SNCF