L'objectif
de
la taille de formation est simple : il
faut trouver la forme qui
laisse le moins d'espace improductif
sur le mur et qui l'occupe au plus
vite. Au fil du temps, les
arboriculteurs ont tenté de trouver
les meilleures solutions à ce problème
technique et
économique. A force de recherches, les
arboriculteurs ont
inventé des formes qui firent école.
De cette
préoccupation pragmatique sont aussi
nés des
chefs-d’œuvre.
Les
premières formes fruitières utilisées
sont en forme d'éventail.
Formes proches d'une conduite
naturelle "à la diable" elles ont le
défaut de laisser un triangle non
productif entre chaque arbre.
Ainsi les
formes en carré ou plutôt en rectangle
se sont imposées au milieu du 19è
siècle : c'est le carré à la Montreuil
défini par Alexis lepère ou le
candélabre d'arthur chevreau.
Les
formes à la Montreuil sont, sur les
pêchers, des grandes formes.
La nature du sol montreuillois et la
tradition amènent à utiliser
l'amandier comme porte-greffe. C'est
celui qui a le plus de vigueur.
Alexis
Lepère et Arthur Chevreau ont donc
donné leur nom à des formes fruitières
exceptionnelles.
A coté de
ces formes de production, sans doute
du fait que les arboriculteurs sont
contraints à bien maîtriser les formes
fruitières, va naître un art de la
taille de formation qui a pour objet
de signer
ou de rendre
hommage.
Cette
coutume ne se pratique pas qu'à
Montreuil mais c'est Alexis lepère, ou
plutôt son ouvrier, un certain Simon,
qui réalisera un chef-d'oeuvre avec
son pêcher au nom de Napoléon III et
de l'impératrice Eugénie, vers 1860.
La
technique de palissage "à la loque"
laisse au cultivateur toute liberté de
mener les branches où il le souhaite.
Contrairement au palissage sur lattes
de bois ou il faut définir la forme
dès le début de la plantation. De
plus, ce système de lien en tissu est
parfois utilisé comme garrot pour
faire barrage à la sève afin de
rééquilibrer les parties de l'arbre.
Les
formes fruitières ont été peu à peu
abandonnées, surtout après la seconde
guerre mondiale. Les années 50
marquent le retour de la forme à la
diable.
Seuls
quelques arboriculteurs, comme Louis
Aubin, continueront à maintenir la
tradition des formes rigoureuses, pour
l’amour de l’art.
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